Trucs et astuces : Réaliser des photos dans des conditions extrêmes

Comment protéger son matériel pour réaliser des photos dans des conditions extrêmes ?
Au cœur d’un incendie, en haute altitude, les températures atteintes sont souvent difficilement supportables pour les appareils photos numériques, qui restent du matériel électronique fragile.
« Il s’en fiche, il ne paye pas leur matériel. »
« Il n’est pas soigneux et il ne faut surtout pas racheter son matériel… »
« Il ne ferait jamais la même chose avec leur matériel… »
Voici un recueil de petites pépites qu’il m’arrive parfois d’entendre sur les lieux d’un sinistre sur lequel je réalise des images, immergé au cœur des flammes ou dans des conditions difficiles. Pourtant, comme nombres de mes camarades photographes, pompier ou non, les appareils que j’utilise son personnels et n’appartiennent pas au service - même s’ils sont assurés par ce dernier en cas de détérioration sur intervention –, mais ils sont avant tout des outils de travail précieux que j’entretien et bichonne, même lorsqu’ils sont exposés aux conditions extrêmes.
Nombres d’entre vous se posent alors des questions sur la durée de vie de leur matériel photo et sur la maltraitance que nous leur imposons lors des prises de vues dans des conditions où les équipements spécialisés sont nécessaires à l’homme pour pouvoir intervenir, pour progresser. Difficile, dès lors, d’envisager la réalisation d’images sans que le matériel ne subisse des dégâts irrémédiables. Et pourtant, photographier des actions par des températures supérieures ou inférieures aux indications des constructeurs, est possible grâce à quelques astuces que je vous livre ci-dessous.
Attention toutefois, ces opérations requièrent une attention et des aptitudes particulières, notamment au niveau personnel. La réalisation de telles images s’adresse avant tout à des personnes ayant des compétences autres que celles de photographes, puisque avant de savoir photographier, il faudra savoir évoluer dans des milieux hostiles sans se mettre en danger.
– une manche de veste textile (matériel réformé par exemple type pompier ou sécurité incendie)
– un adhésif haute température
– un appareil photo reflex
– un objectif
– un pare-soleil
– La 1ère étape consiste à récupérer une manche sur une veste textile usagée (1). Conserver l’ensemble des couches présentes (2). Vous obtenez ainsi un manchon ou manchette qu’il faudra adapter pour protéger votre objectif et votre reflex. Si vous avez, comme moi, la chance d’avoir une belle-mère couturière, ce sera alors le bonheur pour les finitions de qualité professionnelle.
– Retourner la manchette sur l’envers et enfiler le couple objectif-reflex dans celle-ci (3,4). Attention le pare-soleil aura auparavant été retiré de l’objectif (5). Ajuster l’ensemble pour pouvoir glisser votre main à l’intérieur et ainsi commander l’appareil photo (6).
– Habiller le pare-soleil avec l’adhésif haute-température (7)
– Monter le pare-soleil à son emplacement habituel en bout d’objectif. Cette action permet d’éviter que la manchette ne glisse lors des manipulations et ne vienne ainsi masquer une partie de l’objectif. On protège également ainsi la lentille frontale, elle-même protégée par un filtre. (8)
Votre matériel est désormais prêt pour la réalisation d’images dans des ambiances très chaudes. Garder une vue sur l’écran arrière qui vous permettra de réaliser des cadrages et les corrections d’exposition par le mode live-view. Je vous conseille également l’utilisation de boitiers tropicalisés afin de prendre en compte le phénomène de vapeur d’eau lors des phases d’extinction avec les lances à eau.
Afin de conserver un témoin indicateur de température, je vous conseille de ne « chausser » qu’un seul gant de protection thermique – la main non protégée étant glissée dans la manchette au contact de l’appareil photo. Quand la main non protégée détectera une température trop élevée, il sera temps de mettre l’ensemble à l’abri ou de battre en retraite.
Vous pouvez également utiliser cette astuce, cet équipement pour le froid et ainsi protéger votre matériel lors de séances photos dans des conditions extrêmes, notamment en très haute altitude. La protection du pare-soleil par de l’adhésif haute-température ne sera alors pas nécessaire.
J’utilise moi-même ce dispositif sur un Canon 7D équipé d’un 17-50 f2, 8 ou d’un 50 f1,8 et à ce jour aucun souci à signaler, que ce soit pour l’appareil, l’objectif ou le pare-soleil. Je vous conseille toutefois de vous munir d’un second pare-soleil qui sera équipé d’adhésif haute température en permanence afin d’éviter le fastidieux habillage-déshabillage.
Les images qui illustrent cet article ont été réalisées dans une maison à feu équipée de foyer gaz. La température au sol, mesurée par les sondes, atteignait plus de 80°, soit bien au-delà des températures indiquées par les constructeurs d’appareils photos, qui préconisent un maximum de 40 à 50°. Au plafond, les indices de température tutoyaient les 800°.
Note : Les appareils photos numériques ne sont pas des appareils Atex (EX). Ils ne doivent pas être utilisés, tout comme les téléphones portables ou les caméra miniatures, type GOPRO ou Contour,s dans des atmosphères explosives.
De même, il ne faut pas oublier les risques liés à l’intervention en elle-même, tels les effondrements, les sur-accidents, les phénomènes thermiques … qui doivent être prises en compte.
Texte et Photos © TORCHIO Sébastien – Mai 2013
Photo Sebt – Auteur-Photographe, Annecy, Chamonix … Spécialisé dans la photo sportive et le monde des sapeurs-pompiers.
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