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Journée Nationale des Sapeurs-Pompiers : Torchio Sébastien, un photographe chez les pompiers

A l’occasion de la journée nationale des sapeurs-pompiers, organisée le 18 juin 2011, le journaliste Christophe Tourné, de France Bleu Pays de Savoie, a voulu en savoir plus sur les spécialités des sapeurs-pompiers et notamment sur ma fonction de photographe sapeurs-pompiers.

Retour sur cette interview en texte et avec la bande son jointe en podcast

Christophe Tourné : Comment vous est venue cette passion de la photo ?

Sébastien Torchio : Tout jeune, durant les vacances, j’ai effectué des stages photo dans les MJC. Nous parlions de la photo en générale et nous abordions le développement argentique sur des labos noir et blanc. C’était une façon de meubler le temps libre des congés scolaire, mais j’ai apprécié cette découverte au point de persévérer avec un petit compact offert par le Père Noël.

CT : Et ensuite une école de photographie ?

ST : Pas du tout. En fait la photo a même disparue de mes centres d’intérêt durant quelques années. Je me suis dirigé vers des études de mécanique, vers le sport et j’ai surtout appris les bases de mon futur métier en intégrant une section de jeunes sapeurs-pompiers. Une autre passion qui s’est montrée plus dévorante que la photo. (rire)

CT : Et la photo alors …

ST : Le prix du développement des pellicules argentiques est vite devenu un frein à cette passion ; surtout en phase d’apprentissage. Je suivais donc ça de loin par l’intermédiaire des magazines et des numéros spéciales photos, notamment dans le sport. Vers la fin des années 90, j’ai toutefois repris timidement contact avec la photo. Le déclic est venu du numérique et de mon arrivée en Haute-Savoie. Difficile de résister aux charmes du département et aux belles lumières.

CT : Pourtant vous avez choisi la photo de sport plutôt que la nature ?

ST : Oui tout à fait. De mon point de vue, les 1ers essais pour immortaliser la nature n’étaient vraiment pas convaincants. Je ne retrouvais pas cette douceur, cette immensité et ces émotions dans mes images. Le sport, je connaissais et j’ai souhaité fixer les attitudes, les gestes, les regards. En plus c’est un bon terrain d’entrainement pour la multitude des sujets ou des situations rencontrées. Nous passons de l’intérieur, avec des éclairages blafards de salle, à l’extérieur, avec des ombres et lumières vives du soleil. L’adaptation est permanente. La progression a été rapide et j’ai eu la chance de couvrir de nombreux grands évènements sportifs pour différents médias. Le plus marquant a certainement été les championnats du monde de ski alpin à Val d’Isère en 2009. Mais Il faut dire que la région Rhône-Alpes et notamment Annecy, à un calendrier attractif au niveau des compétitions internationales. J’aurais même pu intégrer des pôles photographes médias en 2007-2008, plusieurs postes m’ayant été proposés pour suivre les sports d’hiver. Mais je n’ai pu me résoudre à quitter les rangs des sapeurs-pompiers.

CT : Justement en parlant des sapeurs-pompiers, vous immortalisez aussi ce métier ?

ST : Oui forcément, quand on baigne dans cette profession et que l’on est photographe, difficile de ne pas vouloir mettre en images un des métiers les plus photogénique au monde. Je souhaite par mes images mettre en avant le travail de mes collègues et de toute la profession en générale. Les conditions sont assez délicates car les atmosphères sont souvent sombres et pesantes. Il faut prendre du recul pour réaliser des images fortes sans tomber dans le voyeurisme, ni le trash. Nous passons du rire aux larmes, mais je dois avouer que j’officie plus sur des lieux de drame ou de malheurs que sur des scènes de bonheur.

CT : Photographe Sapeurs-Pompiers, ce n’est toutefois pas commun ?

ST : Non, c’est vrai et nous ne sommes qu’une poignée en France et même certainement dans le monde. D’ailleurs je ne suis pas photographe à plein temps et j’exerce encore mon métier au sein des « camions rouges » comme on dit chez nous. Difficile pourtant d’avancé des chiffres. Déjà que nous sommes une petite corporation (sapeurs-pompiers) alors imaginez cette spécificité de photographe. C’est assez jeune comme spécialité et hormis peut-être la BSPP*, via le BIRP*, et quelques départements de la couronne parisienne qui possèdent des années d’expérience dans ce domaine et qui font offices de référence, peu de SDIS possédaient un service communication. Aujourd’hui, c’est en passe de devenir une exception.

CT : Qu’espérez-vous en tant que photographe sapeurs-pompiers ?

ST : Difficile comme question. La célébrité !!! (rire). Non plus sérieusement, si je devais choisir j’aimerais pouvoir mettre encore plus en avant ma profession par l’intermédiaire d’expo photo publique liée au monde des sapeurs-pompiers. Dans notre discipline ce qui finalement est le plus frustrant, c’est de réaliser des images qui ne sont pour ainsi dire quasiment pas vue du grand publique. Nous travaillons beaucoup pour l’interne : la formation, le retour d’expérience, l’illustration de plaquette formation … Les gens ont l’habitude de voir ce qui se passe en façade alors que nous photographes, nous sommes à l’arrière du décor, au cœur de l’action, pour immortaliser le véritable travail effectué par nos collègues soldats du feu. C’est ce que je voudrais mettre en avant.

Partager quelques jours avec mes collègues parisiens du BIRP ne déplairait pas également. Ce serait certainement un échange très constructif pour moi.

L’article sur le site de France Bleu

Podcast Interview : Torchio Sébastien, un photographe chez les pompiers (mp3)

BSPP : Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris
BIRP : Bureau Informations et Relations Publiques (service communication de la BSPP)

Interview réalisée par Christophe Tourné pour France Bleu Pays de Savoie à l’occasion de la journée Nationale des Sapeurs Pompiers – Juin 2011