Nombreux sont les touristes à venir se « perdre » ou flâner le long des quais de la cité lacustre de Haute-Savoie. Sous ses faux airs de « Venise des Alpes », comme on la surnomme en raison des nombreux canaux qui façonnent la ville, Annecy possède des charmes indéniables qu’elle doit notamment à la plus petite rivière de France, qui serpente au cœur du centre historique. Exutoire naturel du Lac d’Annecy, le Thiou prend naissance aux portes de la vieille ville, surplombée par le Château, avant de se faufiler entre les ruelles pour rejoindre les eaux tumultueuses du Fier, en alimentant Annecy et Cran-Gevrier. Divisé en deux canaux principaux, le Port, qui héberge la flotte des bateaux de croisières depuis les années 1840 et inonde Le Palais de l’Ile (plus communément appelé « Les Vieilles Prisons »), et le Vassé, enjambé par le célèbre « Pont des Amours » et séparé du cours principal par les jardins de l’Europe, il forme un bras quasiment unique jusqu’à son embouchure, après une jonction effectuée derrière l’église Notre Dame, dans les jardins de l’Evêché.

Une « force » majeure

Aujourd’hui reconverties en promenade aménagée, les berges n’ont toutefois pas toujours connu ce havre de paix que l’on connaît désormais, les 3600 mètres du Thiou ayant remplis un rôle majeur dans l’évolution de la capitale haut-savoyarde. En effet, grâce à ses eaux calmes et un débit régulier quasiment exsangue de tous caprices, la rivière a rapidement vu ses rives s’industrialiser durant les périodes du 18^ème et 19^ème, que se soit à Annecy ou à Cran-Gevrier. Une activité « contrôlable », renforcée par un système de régulation du cours d’eau grâce à la mise en place de nombreuses vannes encore en service aujourd’hui, et qui sont l’œuvre de Sadi Carnot. Moulins à aube, manufactures et « filaterie », tanneries, imprimeries, papeteries, forges … seront tour à tour les fers de lance des industries alimentées par la force hydraulique du Thiou. Nombres de quartiers prendront d’ailleurs le nom d’anciens sites industriels qu’ils hébergeaient, telle la manufacture, située à deux pas de la porte sainte Claire et du quai des Cordeliers, le site des Papeteries de Cran-Gevrier, actuellement en pleine restructuration et qui accueillit les papeteries Aussedat de 1806 à 2006. Dernier grand site industriel historique de l’agglomération annécienne, seules les forges de Cran-Gevrier, exploitées depuis le début du 18e siècle en contrebas du pont de Cran et à quelques pas de la jonction avec le Fier, demeurent encore en activité.

Une centrale au cœur de la ville

L’histoire pourrait pourtant bien se renouveler pour cette petite rivière si calme, qui attire à nouveau les projets autour de sa force motrice. Ainsi depuis plusieurs années, la ville de Cran-Gevrier a entrepris de gros travaux pour réhabiliter l’ancienne micro-centrale hydroélectrique, jusqu’ici endormie sous le Cercle de l’Eau depuis la fermeture de l’usine des Tissages en 1955. La longue léthargie devrait cesser au cours de l’automne 2014, avec sa remise en service et une production d’énergie renouvelable estimée à 850 000 kWh/an, soit la quantité d’électricité nécessaire à l’alimentation de l’hôtel de ville, des gymnases et des cinq groupes scolaires de la ville. Cette « électricité verte » permettra ainsi d’éviter le rejet de 37 tonnes équivalent carbone.

L’éco quartier des passerelles en prolongement

La mutation des berges du Thiou ne s’arrêtera pourtant pas à cette seule renaissance. Ainsi les anciennes friches industrielles des Papeteries « Aussedat »ont également entamées leur transformation en éco-quartier. Au cœur du projet, outre la poursuite de la promenade du Thiou et l’édification de bâtiments d’habitation à basse consommation énergétique, le quartier des Passerelles a pour ambition d’accueillir le pôle des entreprises de l’image et du multimédia dans un immense édifice emblématique, les anciens Halls des machines - long de 92 m, large de plus de 30 m et haut de 12 mètres – , qui seront réhabilités en locaux, avec un café-restaurant et des studios meublés.

Le Thiou en bref :

• longueur : 3,6 km
• largeur du lit : 6 à 20 m
• débit moyen : 8,5 m³/s
• villes traversées : Annecy, Cran-Gevrier, Meythet (embouchure)
• affluent : l’Isernon
• confluence avec le Fier

Texte et Photos Sébastien Torchio

Source et informations ville de Cran-Gevrier, Annecy patrimoine et C2A (Communauté de l’agglomération d’Annecy)